Afin de remplacer la maison d’arrêt et la maison de justice de Riom, proches du palais de justice, l’administration départementale envisage en 1854 la construction d’une nouvelle maison d’arrêt et sollicite l’architecte Aymon Mallay qui propose deux projets. Le terrain choisi, situé au faubourg de La Bade, à l’est du centre ancien et à proximité immédiate du palais, permet une construction ex nihilo.
Aymon Mallay (1805-1883)
Il conduit ou coordonne en tant qu’architecte diocésain de nombreux chantiers de restauration à Riom (Basilique Saint-Amable, Notre-Dame du Marthuret, Sainte-Chapelle) et en Auvergne (Clermont-Ferrand, Saint-Flour, Le Puy…). En tant qu’architecte départemental, il porte un grand intérêt à l’architecture carcérale et rédige dès 1838 un rapport sur L’Application du système pénitentiaire aux maisons d’arrêt.
Le contexte carcéral
La maison d’arrêt de Riom est représentative d’une typologie architecturale et d’une organisation propre aux établissements pénitentiaires de l’époque. Conformément aux circulaires de 1836 et 1841, les nouveaux établissements doivent répondre au principe de l’emprisonnement cellulaire pour les courtes peines avec la création de quartiers permettant la séparation des sexes et des délits.
Le projet de 1854
Pour le premier projet, Mallay choisit le type pennsylvanien qui propose un plan rayonnant permettant la surveillance à partir d’un point central. Quatre bâtiments, disposés en croix grecque, s’inscrivent dans une parcelle carrée. Depuis le chemin de ronde, les axes de circulation convergent en diagonale vers le vestibule central et la chapelle. Trop coûteux à réaliser, ce projet n’aboutit pas.
Le projet de 1858
Considéré comme moins onéreux, le second projet prend place dans une parcelle rectangulaire. Plus conventionnel, il adopte le plan en grille utilisé pour l’architecture hospitalière. Il se compose de cinq corps de bâtiment parallèles séparés par des cours de promenade. A partir du corps d’entrée et de la cour d’honneur se succèdent du nord au sud, le pavillon administratif, la maison d’arrêt, la maison de justice, et le pavillon des femmes près de la chapelle. Une galerie axiale traverse perpendiculairement les bâtiments assurant la circulation et la distribution. Un passage souterrain met la maison d’arrêt en relation avec la cour d’appel.
Architecture, rigueur et sobriété
La symétrie est de mise tant pour le plan que pour les élévations des différents bâtiments. La façade du bâtiment d’entrée entièrement appareillée et son porche monumental adoptent clairement un vocabulaire néo-classique en résonnance avec la façade du palais de justice. Mallay utilise avec le plus grand soin le matériau local, la pierre de Volvic tout en reprenant les codes de l’architecture pénitentiaire : sobriété des lignes, ordonnance symétrique, décor minimaliste.
Une élévation homogène
L’ordonnance est identique sur les deux niveaux de chacun des bâtiments qui présentent un soubassement appareillé, des baies couvertes d’un arc en plein cintre, un double bandeau séparant les niveaux, une corniche moulurée bordant la toiture à quatre pans à faible pente. Au sud, des travées aveugles préservent la même ordonnance ; le plein cintre des baies permet le recours à des tympans en demi-lune pour éclairer les couloirs. Le dispositif de surveillance des différentes cours grâce à des regards ménagés dans des meurtrières horizontales taillées dans la masse est une autre originalité de la maison d’arrêt.
Protection et mise en valeur
Mise en service en 1866, désaffectée 150 ans plus tard à la suite de la construction d’un nouveau centre pénitentiaire (2016), la maison d’arrêt est rachetée en 2022 par la Ville de Riom qui lance un appel à projets (avril 2023) de réaménagement urbain avec cession immobilière pour réhabiliter deux friches carcérales dans le cadre d’un programme Cœur de ville : le site de la maison d’arrêt et celui de la maison centrale en centre-ville.
A l’heure où se pose la question du devenir de cet établissement pénitentiaire, la reconnaissance de sa valeur patrimoniale et la nécessité de sa protection font l’unanimité.
Les bâtiments occupent une parcelle de forme triangulaire d’une superficie d’un peu plus d’un hectare au nord-est de la ville. L’ensemble est ceint de hauts murs aux jambes harpées surmontés d’un chemin de ronde ponctué d’échauguettes. Il a été jusqu’en 2016 le seul exemple en France d’établissement carcéral en Site patrimonial protégé.
Le contexte historique
En 1801, le préfet du Puy-de-Dôme propose de transformer l’ancien couvent des Cordeliers en maison centrale pour recevoir les prisonniers de huit départements. Ce projet s’inscrit dans un contexte de réutilisation des bâtiments monastiques à des fins carcérales ; il permet d’établir un parallèle entre enfermement des clôtures monastiques et enfermement pénal et témoigne de la continuité dans le choix des dispositifs et dans l’agencement spatial.
Le contexte carcéral
Au début du XIXe siècle, de nombreuses abbayes vacantes appartenant à l’Etat en tant que bien national deviennent les « maisons centrales de force et de correction » instituées par le Consulat (1801). Ce sont de grandes manufactures carcérales qui détiennent des condamnés à la réclusion criminelle ou à un emprisonnement correctionnel de plus d’un an. Placées au centre d’une circonscription qui dépend de l’Etat, elles constituent, dans la France du XIXe siècle un puissant maillage répressif.
Un projet au long cours
A Riom, il faudra l’intervention de plusieurs architectes pour mener le chantier à son terme. Le projet d’Attiret (1750-1823), architecte communal n’aboutit pas. En 1808 le gouvernement impérial nomme Pierre Rousseau (1751-1829) à la fonction d’architecte de la maison centrale auquel succède en 1821 Guillaume Degeorge (1787-1868). Officiellement créée en 1812, la maison centrale ouvre en 1821 alors qu’elle n’est pas achevée.
Le programme
Il comprend plusieurs ensembles : la prison avec l’adaptation des bâtiments conventuels existants et la construction à l’est d’un bâtiment administratif. Rousseau réserve les bâtiments autour du cloître au quartier des hommes et transforme l’église en ateliers au rez-de-chaussée et en dortoirs aux étages en divisant la nef en trois niveaux voûtés d’arête. Il conserve les galeries du cloître gothique qu’il surélève en respectant le rythme des baies. Dans l’angle nord-est de l’église, adossé au mur d’enceinte et séparé des bâtiments anciens, le quartier des femmes s’organise autour d’une cour.
Le bâtiment de l’administration
Sa façade monumentale de onze travées relève d’une esthétique néo-classique en accord avec l’architecture prônée, dès avant la Révolution, par Ledoux (1736-1806) ou Boullée (1728-1799). De plan rectangulaire, double en profondeur, couvert d’un toit en croupe, ce bâtiment isolé présente quatre niveaux : soubassement, rez-de-chaussée, premier étage, étage attique. Les lignes horizontales s’imposent, tant au premier niveau traité en bossage continus adoucis qu’à l’étage attique où des baies intercalées entre des consoles forment avant-toit
Au rez-de chaussée s’ouvre un grand porche couvert d’un arc cintré remarquable par sa puissante clé à bossage. Le vestibule présente deux piliers monumentaux et quatre pilastres corniers d’ordre dorique sans base. Un couloir voûté d’arête distribue les appartements.
Le bâtiment donne à l’est sur un jardin (après 1872) qui occupe la pointe de l’îlot.
La clôture
Le mur d’enceinte est construit entre 1878 et 1880 d’après les plans d’Aymon Mallay (1805-1883), architecte de la maison d’arrêt. Surmonté du chemin de ronde, il est ponctué de guérites crénelées dans le goût médiéval. Enfin, en 1879-1880, Agis-Léon Ledru (1816-1885) réalise, rue Hôtel-des-Monnaies, un imposant portail néo-classique composé d’une grande porte cochère et de deux portes piétonnes.
Les interventions du XXe siècle
L’établissement est fermé à plusieurs reprises. D’abord de 1954 à 1957, époque où est envisagée l’installation du musée régional d’Auvergne. Puis entre 1984 et 1989 où la prison est réaménagée et mise aux normes par l’architecte riomois Jean-Marie Rollier (1947-2004) qui, démolissant le quartier des femmes, construit le long des deux murs d’enceinte des bâtiments parallèles orientés est-ouest. Un accident de chantier endommage une partie de la voûte de l’ancienne église de sorte que les travaux sont suspendus pour ne jamais reprendre.
Protection et mise en valeur
La maison centrale, désaffectée en 2016 à la suite de la construction d’un nouveau centre pénitentiaire (2013-2016), est rachetée en 2022 par la Ville de Riom qui lance un appel à projets (avril 2023) de réaménagement urbain avec cession immobilière pour réhabiliter, dans le cadre d’un programme Cœur de ville, deux friches carcérales : le site de la maison centrale et celui de la maison d’arrêt située au faubourg de La Bade.
L’inscription du site en totalité en 2020 fait suite aux précédentes protections de 1926 et 1962 et répond à la problématique de sauvegarde du patrimoine pénitentiaire établi ici dans le contexte particulier d’un ancien couvent.
Les bâtiments occupent une parcelle de forme triangulaire d’une superficie d’un peu plus d’un hectare au nord-est de la ville. L’ensemble est ceint de hauts murs aux jambes harpées surmontés d’un chemin de ronde ponctué d’échauguettes. Il a été jusqu’en 2016 le seul exemple en France d’établissement carcéral en Site patrimonial protégé.
Le contexte historique
En 1801, le préfet du Puy-de-Dôme propose de transformer l’ancien couvent des Cordeliers en maison centrale pour recevoir les prisonniers de huit départements. Ce projet s’inscrit dans un contexte de réutilisation des bâtiments monastiques à des fins carcérales ; il permet d’établir un parallèle entre enfermement des clôtures monastiques et enfermement pénal et témoigne de la continuité dans le choix des dispositifs et dans l’agencement spatial.
Le contexte carcéral
Au début du XIXe siècle, de nombreuses abbayes vacantes appartenant à l’Etat en tant que bien national deviennent les « maisons centrales de force et de correction » instituées par le Consulat (1801). Ce sont de grandes manufactures carcérales qui détiennent des condamnés à la réclusion criminelle ou à un emprisonnement correctionnel de plus d’un an. Placées au centre d’une circonscription qui dépend de l’Etat, elles constituent, dans la France du XIXe siècle un puissant maillage répressif.
Un projet au long cours
A Riom, il faudra l’intervention de plusieurs architectes pour mener le chantier à son terme. Le projet d’Attiret (1750-1823), architecte communal n’aboutit pas. En 1808 le gouvernement impérial nomme Pierre Rousseau (1751-1829) à la fonction d’architecte de la maison centrale auquel succède en 1821 Guillaume Degeorge (1787-1868). Officiellement créée en 1812, la maison centrale ouvre en 1821 alors qu’elle n’est pas achevée.
Le programme
Il comprend plusieurs ensembles : la prison avec l’adaptation des bâtiments conventuels existants et la construction à l’est d’un bâtiment administratif. Rousseau réserve les bâtiments autour du cloître au quartier des hommes et transforme l’église en ateliers au rez-de-chaussée et en dortoirs aux étages en divisant la nef en trois niveaux voûtés d’arête. Il conserve les galeries du cloître gothique qu’il surélève en respectant le rythme des baies. Dans l’angle nord-est de l’église, adossé au mur d’enceinte et séparé des bâtiments anciens, le quartier des femmes s’organise autour d’une cour.
Le bâtiment de l’administration
Sa façade monumentale de onze travées relève d’une esthétique néo-classique en accord avec l’architecture prônée, dès avant la Révolution, par Ledoux (1736-1806) ou Boullée (1728-1799). De plan rectangulaire, double en profondeur, couvert d’un toit en croupe, ce bâtiment isolé présente quatre niveaux : soubassement, rez-de-chaussée, premier étage, étage attique. Les lignes horizontales s’imposent, tant au premier niveau traité en bossage continus adoucis qu’à l’étage attique où des baies intercalées entre des consoles forment avant-toit
Au rez-de chaussée s’ouvre un grand porche couvert d’un arc cintré remarquable par sa puissante clé à bossage. Le vestibule présente deux piliers monumentaux et quatre pilastres corniers d’ordre dorique sans base. Un couloir voûté d’arête distribue les appartements.
Le bâtiment donne à l’est sur un jardin (après 1872) qui occupe la pointe de l’îlot.
La clôture
Le mur d’enceinte est construit entre 1878 et 1880 d’après les plans d’Aymon Mallay (1805-1883), architecte de la maison d’arrêt. Surmonté du chemin de ronde, il est ponctué de guérites crénelées dans le goût médiéval. Enfin, en 1879-1880, Agis-Léon Ledru (1816-1885) réalise, rue Hôtel-des-Monnaies, un imposant portail néo-classique composé d’une grande porte cochère et de deux portes piétonnes.
Les interventions du XXe siècle
L’établissement est fermé à plusieurs reprises. D’abord de 1954 à 1957, époque où est envisagée l’installation du musée régional d’Auvergne. Puis entre 1984 et 1989 où la prison est réaménagée et mise aux normes par l’architecte riomois Jean-Marie Rollier (1947-2004) qui, démolissant le quartier des femmes, construit le long des deux murs d’enceinte des bâtiments parallèles orientés est-ouest. Un accident de chantier endommage une partie de la voûte de l’ancienne église de sorte que les travaux sont suspendus pour ne jamais reprendre.
Protection et mise en valeur
La maison centrale, désaffectée en 2016 à la suite de la construction d’un nouveau centre pénitentiaire (2013-2016), est rachetée en 2022 par la Ville de Riom qui lance un appel à projets (avril 2023) de réaménagement urbain avec cession immobilière pour réhabiliter, dans le cadre d’un programme Cœur de ville, deux friches carcérales : le site de la maison centrale et celui de la maison d’arrêt située au faubourg de La Bade.
L’inscription du site en totalité en 2020 fait suite aux précédentes protections de 1926 et 1962 et répond à la problématique de sauvegarde du patrimoine pénitentiaire établi ici dans le contexte particulier d’un ancien couvent.